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Mon Trail Chic

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15h45  le 2 mai : Nous entrons dans le sas de départ, équipées comme deux pro, deux Lara Croft prêtes à en découdre avec la jungle hostile qui nous attend sur ces 35kms.

Les gourdes sont remplies, les petites poches de notre sac, garnies de nourriture de survie : barres énergétiques, bretzels ( ça, c’est un conseil d’un copain trailer ! ), j’avais même acheté un sachet d’aperifruits qui restera dans la voiture par manque de place ! Une tenue complète de rechange, une frontale, pansements, aspirine, ventoline, bref, tout le matériel nécessaire pour survivre si nous nous perdons en forêt …

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Les aventurières de l’Yonne

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Sur trail ça ne rigole pas ! Nous avons droit à un briefing d’avant course ! Le genre de chose qui met bien en condition, et qui fait grimper le trouillomètre. ” Si vous vous perdez ou si vous souhaitez abandonner, vous appelez au no de téléphone inscrit sur votre dossard, vous pouvez faire ce choix à tel endroit et bifurquer sur le 18km, vous serez classés sur cette course après tous les inscrits, si vous voyez un autre coureur blessé, vous stoppez votre course … Les balises doivent toujours être sur votre droite. La météo annoncée : pluie de 18h00 à 6h00 du matin “.  Il est 16h00 et nous sommes déjà trempées.

16h15 : Nous partons. Quelques kms sur bitume avant de quitter la civilisation et nous retrouver face à une côte impossible à grimper sans marcher, escalader, glisser, patiner, ripper, et se demander … ce qu’on fait là ! Mes belles adidas Riot achetées deux jours avant sont baptisées, et ressemblent à deux briques de boue ! Arrivées en haut, la course reprend, mes mollets sont en feu, cela fait à peine 4kms que nous sommes parties et je souffre déjà, je déchante très vite sans en dire un mot à Marie, ma binôme et amie que j’ai embarquée avec moi dans cette folle aventure. Comment vais je pouvoir gérer cette douleur alors que la course ne fait que débuter ? Je ne prends aucun plaisir à ce moment, et il va pourtant falloir tenir sur 32kms et minimum 4h30 de course … je me tais et j’avance comme je peux. C’est de toutes façons impossible de renoncer ou de rebrousser chemin. Je serre les dents. Et étrangement mon diesel commence à se mettre en route tout doucement, mes mollets se détendent et ma foulée devient plus régulière. Je commence à reprendre confiance ! Jusqu’à l’arrivée dans la boue …

La boue en côte, ça se gère pas trop mal, puisque de toutes façons il faut marcher par la force des choses. Sur terrain plat, ça donne un remake d’Interville, et de fort Boyard réunis.

On essaye tous de passer sur les côtés, ou sur le peu d’herbe qu’on peut trouver afin d’éviter d’y plonger les deux pieds dedans … On a tous une démarche à la Bourvil dans ” La grande vadrouille ” quand il a enfilé les souliers trop petits de De Funes. Il faut se rendre à l’évidence, éviter c’est pire, il y a des glissades, des dérapages controlés … ou pas !

Alors autant y aller gaiement !

Progresser sur un tel terrain c’est assez marrant ! Une fois décorées, on avance comme on peut, on trottine, on marche … et on se marre !

Les deux pieds dans la gadoue, en plein milieu d’une exploitation agricole, avec le colza, les vaches, et la forêt à perte de vue, on éclate de rire tellement la situation est désolante. Il flotte, nous sommes trempées, nous avons déjà évité un vingtaine de chutes, la boue commence à se faufiler entre nos orteils, et ça fait limite des bulles au bout de nos chaussettes à chaque pas. Nous pourrions être bien au chaud chez nous sur le canapé, mais non, nous avions décidé de nous retrouver au fin fond de l’Yonne à jouer les Mimi Cracra !

Arrive enfin le premier ravito au Km8 ! Un grand moment dans ma vie de Traileuse débutante. Car le ravito de trail c’est le luxe, le chic ultime. Incomparable à celui de la course sur route, l’overstim’s, l’isostar, et les bouts de bananes peuvent aller se rhabiller ! Là il s’agit d’un véritable buffet. On s’arrête et c’est bien ça le problème, car on n’a plus envie de repartir ! On y trouve de tout, carrés de chocolat, abricots secs, gâteaux salés, quatre quart, saucissons … Oh bonheur ! Pain d’épice et j’en oublie ! De l’eau, du café, du Coca ! Je crois même que j’ai du prendre un peu de tout gourmande que je suis ! Je n’ai jamais vu ça ! Un bon remontant avant de reprendre le gros morceau de la course.

Nous repartons après un bon arrêt de 15mns, bah oui quoi, on découvre le trail sans stress, un p’tit tour sur Facebook afin de poster une photo de l’état lamentable de nos chaussures ! Une telle aventure, ça se partage en direct sur les réseaux sociaux !  ( ce qui amusera Harry, mon ami speaker à l’arrivée, quelques heures plus tard ! )

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Prochain ravito au km22 … Plus question de traîner maintenant. Enfin c’est ce qui était prévu car la météo en a décidé autrement ! Il pleut des cordes et ce depuis plusieurs jours. Le terrain est donc plus qu’humide. Notre progression se fait tant bien que mal, entre course et marche dans la boue, herbe, sous-bois, champs avec de belles montées. Nous nous retrouvons dans un petit peloton de 4/5 personnes. Nous sommes assez réguliers et groupés jusqu’au fameux ravito du km22. la nuit commence à tomber. On scanne nos dossards pour les barrières de passage, nous arrivons trempées et déjà bien claquées mais toujours souriantes et amusées par cette épopée Kho Lantaise !

Alors cette fois ci c’est carrément la pause camping ! Le ravito est trop appétissant, j’en salive en arrivant ! Non seulement nous sommes chaleureusement accueillies ( bien cette petite adresse ), c’est aussi très bien présenté, petite lumière limite tamisée, je ne veux plus repartir courir moi ! On me propose, du thé, un potage, ou un chocolat ! J’opte pour le potage de poireaux qui sent divinement bon, je suis gelée et je souhaite juste me réchauffer, il doit être 19h30 je ne sais plus trop mais c’est plus l’heure de l’apéro que du goûter ! Alors allons-y ! Hum c’est bon c’est chaud ! J’attrape du saucisson, des petits toasts de rillettes, du fromage, des abricots, du chocolat … Si si une véritable orgie ! Oh que je vais le regretter plus tard ! Le problème après un arrêt aussi long … c’est que nous nous sommes refroidies. Tant pis, nous décidons de nous changer et de nous mettre au sec . Peu importe le chrono, cela nous fait un bien fou ! Bon, par contre tous les copains sont déjà repartis quand nous quittons les lieux … On en rigole tout de même ! Mais contentes d’avoir passé un tee-shirt manches longues bien sec sous notre coupe-vent. C’est donc à deux que l’aventure se poursuit.

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À la nôtre !

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C’est 13/14km qu’il nous reste à faire … On se rend bien compte que nous mettrons beaucoup plus de temps que prévu. Le 4h30 est loin derrière nous ! Je commence à payer mes abus de ravitaillement. Des grosses douleurs intestinales commencent à me faire vraiment mal, des crampes même … rien de glamour là dedans ! Sauf si on considère que faire un stop dans un champs de colza c’est assez chic comme cadre 😅.

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Prête à repartir ! 😊

 

La nuit s’installe, et je suis toute euphorique à l’idée de mettre ma frontale. Bah oui quand même ! Faire un trail sans sortir sa frontale c’est comme courir un marathon sans  suivre la ligne bleue. Chouette, je sors donc ma magnifique petite loupiote avec son bel élastique vert, souvenir de mon 1er marathon de Paris offerte par Schneider Electric dans notre dotation. Bon ça n’éclaire pas grand chose mais nous faisons avec les moyens du bord. C’est parti pour la forêt bien sombre, on y va et advienne que pourra … C’est à cet endroit précis que je réalise combien je suis heureuse et chanceuse de vivre ça avec Marie, car je ne sais pas si seule je l’aurais vécu de cette façon. Je pense même que j’aurais eu une sacrée trouille. Notre binôme fonctionne vraiment bien, nous nous complétons parfaitement, il y a une alchimie qui se crée naturellement en course, chacune sait rebooster l’autre mais aussi respecter les moments d’introspection qui sont si importants. En attendant, nos rires m’aident à supporter ma douleur au ventre dans les moments difficiles. L’arrivée est proche. Nous arrivons au ravito du km33.

Malgré mes crampes … impossible de résister à un bout de fromage et à quelques abricots, et puis de toutes façons dans 3km c’est fini ! Alors autant me faire plaisir.

Sauf qu’on nous annonce qu’il en reste 6 encore jusqu’au finish à Sens. Gros coup au moral … Car 6kms en temps normal sur route c’est 32mns grosso modo … Là ça sera plus d’une heure !

Il pleut sans cesse et j’en ai marre. Mes nerfs commencent à lâcher un peu. Je sens bien que je ne suis pas des plus agréables, mon ventre me plie en deux, je sers les dents et j’avance comme je peux … Les derniers kms sur Sens en ville sont interminables le long de la route en ligne droite. Quand j’entends au loin la voix d’Harry au micro … Nous apercevons les lumières du stade, les larmes me montent aux yeux et ma gorge se serre.

Nous passons ce finish après 5h43 d’effort, sous les ovations d’Harry. Le lieu est désert. Nous sommes épuisées mais heureuses ! We did it ! Un très beau moment de partage.

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Bien que déçues par l’absence de récompense à l’arrivée, nous sommes ravies par cette 1ère expérience de vrai trail. Fières d’être finisheuses et surtout par ces conditions loin d’être évidentes.

La suite sera toute aussi chic … après les soins thalasso et les bains de boue, les ravitaillements 4 étoiles,vient la petite douche à l’eau de pluie, improvisée, derrière ma voiture sur le parking ! Si c’est pas la classe ça ! Se retrouver nue comme un ver à la belle étoile … Mouais enfin plutôt galérer à retirer mes boosters ( secs déjà c’est du sport, alors trempés et plein de boue c’est mission impossible sans grogner et sortir tous les noms d’oiseaux de la terre entière ! ). Un grand moment !

Heureusement que nous nous sommes délectées ensuite d’un excellent repas dans un restaurant ” américain ” avant de choper l’autoroute ! Quand je vous dis que le Trail c’est chic 😉.

Ça donne envie ? Comment ça, non ? Mais si … Un chic moment de partage et de dépassement de soi, un véritable coup de coeur, qui nous a conduit à signer pour la célèbre Saintélyon début décembre ! Oui, vous avez bien lu ! 72kms … Il va juste falloir revoir le matériel, et la gestion des ravitos ! Et surtout s’entraîner encore et toujours dans la bonne humeur …

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Coco.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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